Le Monde Diplomatique : Vacances pour tous, une utopie qui s’éloigne

par PierreJouquan
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Jusqu’à la Libération, les « œuvres sociales » des entreprises restaient à la discrétion des employeurs, dans un esprit paternaliste. La création des comités d’entreprise (CE), entre 1945 et 1946, a permis de confier à une instance élue par les travailleurs les actions sociales, sportives ou culturelles financées par une quote-part de la masse salariale dans les sociétés de plus de cinquante salariés. Mer, montagne, campagne : des millions de Français ont pu partir en vacances grâce à ces structures, favorisées au départ par la nationalisation des grandes entreprises.

Outre leur rôle de contre-pouvoir dans la gestion et la marche de l’entreprise, la loi confie aux comités les activités tendant à l’amélioration des conditions de bien-être, des activités sportives ou de loisirs, et tout ce qui touche la culture. Pour que chacun puisse goûter aux vacances, l’instauration des congés payés ne suffisait pas. Encore fallait-il pouvoir organiser le déplacement et l’hébergement des vacanciers à des prix modestes. « Huit millions de Français partent en vacances en 1951, contre vingt millions en 1967, et près de trente millions en 1979 », note l’historien Sylvain Pattieu.

Proche de la Confédération générale du travail (CGT), qui contrôlait de nombreux comités d’entreprise, et du Parti communiste français (PCF), l’association Tourisme et travail compta jusqu’à trois millions d’adhérents au début des années 1980. Lors de l’embellie du syndicalisme dans les années 1960, plusieurs organismes issus d’autres syndicats (Invac, Cecorel, Promtour) consolidèrent l’offre de tourisme social. Pour remédier au déficit de structures d’accueil à moindre coût, beaucoup se dotent alors de centres d’hébergement : colonies, campings, villages de vacances, etc. Durant les « trente glorieuses », de nombreuses municipalités, notamment les mairies de la « ceinture rouge » de Paris, acquièrent de superbes demeures et résidences de villégiature pour accueillir les classes populaires et travailleuses.

Retrouvez l'article du Monde Diplomatique sur le tourisme social et solidaire : https://www.monde-diplomatique.fr/2021/07/CLASTRES/63298

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